12.9.12

Grotto-litera-turistika


GROTESQUES. Nom donné aux décors insolites qui recouvraient les murs et les voutes des chambres de la Maison de Néron devenue grotte après les dévastations. Les grotesques sont un genre de peinture ou de sculpture décorative, qui consiste en une combinaison étrange de feuillages, de fleurs, de fruits et d'autres éléments extraits du répertoire végétal, accompagnés d'animaux fantastiques ainsi que de figures humaines tressées ensemble de manière capricieuse qui n'a rien à voir avec la nature.


Alessandra Zamperini, Le grotesques, Citadelles & Mazenod, 2007. Parcours de ce genre pictural, de l'Antiquité romaine au XIXe siècle. Vasari définit les grotesques comme un genre de peintures libres et cocasses, inventé dans l'Antiquité pour orner des surfaces murales. Il a pour principaux motifs des rinceaux végétaux, des candélabres, des figures humaines, mythologiques, animales ou hybrides - insolites ou fantastiques - disposés sans aucune logique apparente, narrative ou spatiale. Le Moyen Âge a privilégié les hybrides monstrueux et les drôleries alors que le Quattrocento a cherché à se réapproprier les formes ornementales de l'Antiquité, notamment celles mis au jour par la découverte de la villa de Néron, la Domus Aurea, en 1480. Les grotesques connurent alors un extraordinaire succès, consacré par leur emploi dans les Loges du Vatican, décorées vers 1518 par Raphaël et son atelier. Ils devinrent une composante essentielle de la décoration des monuments profanes et religieux, envahissant même la céramique, la tapisserie et le mobilier, et de nombreux peintres se spécialisèrent dans ce genre. On peut parler de XVIe siècle triomphant. Au début du XVIIIe siècle, la découverte d'Herculanum et de Pompéi allait lui donner une nouvelle jeunesse, s'étendant aux décors d'intérieur, à l'habillement... Et, au XIXe siècle, alors même que néoclassicisme épurait le style, les grotesques continuèrent d'apparaître dans les arts appliqués, marqueterie, céramique, tissus et mobilier.


Berne, Fondation Abegg, Grotesken-Grotesques : Un style ornemental dans les arts textiles du XVIe-XIXe siècle, mai-octobre 1985. Texte par Alain Gruber.


Philippe Morel, Les grotesques : les figures de l'imaginaire dans la peinture italienne de la fin de la Renaissance, Flammarion, 2001. Le mot grotesque devient au XVIIIe siècle un qualificatif essentiellement négatif, synonyme de bizarre, de ridicule ou d'extravagant. Mais il fut d'abord employé dès le début du siècle précédent pour désigner des peintures murales largement inspirées des fresques et des reliefs antiques, auxquels s'ajoutaient parfois des réminiscences des marginalia gothiques. Ce genre décoratif connut un immense succès tout au long du XVIe siècle, d'abord en Italie, puis un peu partout en Europe, en s'étendant à la sculpture, à la gravure et à bien d'autres techniques. Partant de motifs et de schémas essentiellement antiquisants, le langage des grotesques s'est progressivement détaché de cette référence figurative en s'inspirant de diverses matrices culturelles contemporaines. C'est donc l'analyse de ces voisinages déterminants et de ces relations constitutives qui permet de rendre compte du fonctionnement multiple de ce langage apparemment incohérent, et d'en dégager la spécificité historique et la densité culturelle : le rapport à la tradition hiéroglyphique, au collectionnisme éclectique et à l'esthétique de l'abondance, la littérature burlesque, la logique épistémique des hybrides ou la construction rhétorique et paradoxale des compositions apportent autant d'éclairages décisifs sur les nombreux décors pris en considération. Les grotesques apparaissent de la sorte comme une expression tout à fait emblématique de la culture maniériste et c'est à ce titre qu'elles sont devenues la cible privilégiée des critiques post-tridentines.


Edgar Allan Poe
Histoires grotesques et sérieuses
Flammario​n

Grottesche | Grotesken | Grotesques | Grotescos | Grutescos
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...