21.11.10

Coquelin

Claire Papon, Quai des orfèvres, Gazette-Drouot, France, 2006.

Au centre d’une vente classique, cette plaque de lumière est l’une des rares pièces de forme d’orfèvrerie civile du début du XVIIe siècle.


Antoine Coquelin, Applique en argent fondu, forgé, repoussé et ciselé, Paris, 1622-23

Bien des points demeurent obscurs concernant les orfèvres, malgré l’existence des poinçons. Ceux-ci sont souvent muets, car illisibles, incomplets ou, bien sûr, non identifiés. Tel n’est pas le cas de cette applique : sa marque nous indique une oeuvre d’Antoine Coquelin, reçu maître à Paris en 1610, établi sur le Pont-au-Change et dont une patène et un calice sont conservés dans une église de l’Eure. Cette pièce est probablement née d’une commande d’un amateur, venu avec le dessin de la plaque proprement dite, et faisait sans doute partie d’une paire, voire d’une série. La composition – aux formes libres et asymétriques du style auriculaire répandu en Flandres et en Angleterre – se retrouve dans une planche gravée par l’Anversois Pierre Furens, installé à Paris au début du XVIIe. Quant au créateur du motif, il s’agit d’un Italien dont la carrière fut internationale : Federico Zuccaro (1540-1609). Antoine Coquelin réalise donc en métal précieux l’ornement central sur les instructions de son client et ajoute le bras, sur lequel est fixé le binet supportant la bougie et la coquille de la partie supérieure, qui sert elle aussi à renvoyer la lumière. Nous n’en sommes en effet qu’aux balbutiements des accessoires d’éclairage, l’usage de la torche n’est pas bien loin. Bras, plaques et appliques se répandent en ce tout début du XVIIe siècle, ainsi que les girandoles, bougeoirs, chandeliers et même lustres d’argent. Autant d’objets en parfaite harmonie avec le mobilier d’argent en vogue à l’époque. Les plaques sont les plus nombreuses et les plus caractéristiques, mais elles ne se rencontrent que chez les grands personnages.
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